Voyage

Battambang, on a perdu le bâton!

07/01/2016
Siem ReapBattambang c’est 5h00 de bus (marre du bus). Je ne vais pas vous mentir, Battambang c’est paumé de chez paumé pourtant il paraît qu’il s’agit d’une des villes les plus peuplées du Cambodge et la ville qui relie le Vietnam et la Thaïlande.

A notre arrivée, la danse des chauffeurs de tuk tuk commence. Il faut garder le sourire et être poli, chose que j’ai beaucoup de mal à faire après la fatigue des voyages en bus. Les chauffeurs toujours avec le sourire aux lèvres, nous collent littéralement des panneaux aux vitres »0.5 dollars anywhere ». Notre chauffeur tout sourire est un vrai phénomène avec son maillot de foot et son charmant cheveu sur la langue. Il nous propose des activités pour le lendemain comme par exemple aller voir les « sosouris » dans la langue de molière s’il vous plaît. Gros moment de flottement, on comprend rien… Une « Bat-cave » ahhhh les CHAUVES-SOURIS, le pauvre il n’a pas pris le meilleur mot pour débuter le français. Alors pour les chauves-souris ce sera non merci par contre le rendez-vous est pris pour le lendemain, 08h00, direction le Bamboo Train.

La ville de Battambang vend le Bamboo Train comme l’attraction à faire impérativement. Sous cette activité ludique se cache une réalité tout autre (bon je pense que nombreux touristes et Cambodgiens ne creusent pas pour éviter de remuer le passé encore trop récent). Lors de la dictature de Pol Pot, celui-ci a avili la population notamment en coupant tous les moyens de communication entre les villes. Les trains et les voies de chemin de fer furent sabotées. Quelques tronçons ont pourtant été épargnés. A la fin de la dictature, les Cambodgiens ont trouvé un moyen efficace pour se déplacer avec le Bamboo Train, à savoir 2 essieux, un plateau en bambou et une personne qui pousse derrière. L’astuce résidait dans la facilité avec laquelle le train pouvait être enlevé des rails, en cas de croisement sur les voies. Aujourd’hui c’est une attraction. L’expérience est à faire car  doté d’un moteur,  le petit train file à une vitesse de folie,  je n’étais pas rassurée vu l’état des rails.

La bonne nouvelle est qu’apparemment le gouvernement Cambodgien est en train de restaurer les voies de chemin de fer, le train sera de nouveau en état dans quelques années ce qui facilitera grandement les déplacements dans le pays.

battambang_bamboo_train battambang_train battambang_voie_ferré

Suite de la visite avec notre guide chouchou « sosouris » qui nous propose SA visite de Battambang. Nous acceptons. Il aura le courage (et ce sera le seul), de nous faire une visite historique sans langue de bois. Depuis notre arrivée au Cambodge, c’est la première fois que nous ressentons cette atmosphère pesante dûe à la triste histoire du pays. Plus nous descendrons dans le sud et plus le ressenti sera vivace. Nous nous aventurerons jamais seuls dans les campagnes puisque de nombreuses mines anti-personnelles sont encore enfouies un peu partout dans l’ouest du pays. Chaque année, de nombreuses personnes en sont encore victime (on verra de nombreuse personnes sans bras ou jambes).

Nous parcourons la campagne et tombons sur un temple bouddhiste qui n’a pas été détruit par Pol Pot puisque, comme une provocation, il l’a reconverti en prison ou plutôt en lieu de torture. Jamais ce site ne sera dans les guides touristiques. Derrière ce temple où des bouddhistes vivent encore, un immense charnier et un monument dédié à toutes les victimes. Notre guide nous parlera de cet endroit qui reste tabou même pour les locaux. Il nous explique que la nouvelle génération, la sienne,  cherche à  connaître l’histoire de leurs parents. Il a d’ailleurs essayé à plusieurs reprises de poser des questions à son propre père unique rescapé de la famille. Il dira que son papa est incapable de parler et qu’il font en larme dès qu’il essaye. Il dira aussi de lui qu’il a perdu la tête de chagrin, les larmes me montent aux yeux et je ne suis pas la seule.

battambang_feuille_riz battambang_poisson_sechage

Suite un peu plus légère avec une dégustation de feuille de riz artisanal. Je vous assure que je n’ai jamais mangé de nems aussi bons que ceux-ci. Nems frits (mes préférés) et rouleaux de printemps trempés dans un mélange pimenté qui déboîte sauf pour « sosouris » qui le termine au doigt (honte sur nous, les petits blancs).

On quitte notre super guide fan de foot et on termine la journée par un cours de cuisine qui va durer 3h00. Je voulais impérativement faire un cours avant de quitter le pays, il sera complet et loooooooooong. Après un tour sur le marché pour acheter les ingrédients (ouffffff on n’a pas acheté le poisson ni la viande là-bas…). Nous avons suivi toutes les règles d’hygiène sans en oublier une, ce qui m’a rassuré puis nous avons concocté des plats traditionnels Khmers: nems au boeuf – amok de poisson – boeuf lok lak (boeuf bien dur!) – riz –  bananes et lait de coco en dessert. Je proposerai quelques recettes dans de futurs articles sur le Cambodge. La dégustation fut un réel bonheur!!!

battambang_marche battambang_cuisine_cours

Battambang est à première vue une ville assez choquante à premier abord. Lonely Planet parle de « ville charmante », ce n’est pas le cas (désolé) mais honnêtement on tombe vite sous son charme bien particulier. Le centre c’est avant tout le Psar Nat soit le marché, découvrez aussi les quelques maisons coloniales de style français qui restent et la gare ferroviaire abandonnée. En gros il n’y a pas grand chose à voir et à faire mais je vous invite à creuser. Les Cambodgiens aiment que l’on s’intéressent à eux et à leur ville. Les langues se délient très vite ici. En introduction demandez leur l’histoire et la signification de Battambang et le pourquoi de la statue géante à l’entrée de la ville, vous percevrez vite leur attachement et leur fierté de vivre ici.

Spoiler: Battambang signifie l’homme au bâton. La légende raconte qu’un guerrier possédait un bâton magique qui lui donnait une grande force. Avec l’aide de ce « magic stick » il protégait la ville (des Thaïlandais et des Vietnamiens) mais un jour il a jeté le bâton pour tuer un ennemi. Sans la magie il perdit son pouvoir et fut tué. Le roi a vent de l’histoire et demande à tous les habitants de chercher le bâton magique, ils ne l’ont jamais retrouvé mais parce que tous ont essayé de le retrouver et par respect pour le guerrier, le roi a décidé d’appeler a ville du nom de ce guerrier qui a perdu son bâton magique soit Battambang.

battambang_stick

ADRESSES ET CONSEILS

Nous serons restés deux nuits plutôt qu’une, je conseille vraiment d’y faire un arrêt et de ne pas s’arrêter à la première impression, peu à peu vous serez charmé par la ville promis!

Se loger:
ROYAL HOTEL
Situé au centre de la ville à quelques pas du marché, cet hôtel est certes sans chichis mais propre et possède un joli balcon sur le toit de l’immeuble. Un restaurant propose quelques plats rapides et les petits déjeuners (non compris dans le prix de la chambre).
6 à 10 dollars la nuit

Se restaurer:
THE LONELY TREE CAFE
Une partie des bénéfices de ce restaurant sont reversés à des associations d’aide aux personnes handicapées. Au premier donc, le restaurant qui propose de la nourriture Khmer et de superbes jus de fruits. Au rez, une superbe boutique d’artisanat que je recommande.
2 à 4 dollars le plat

THE KITCHEN IN BATTAMBANG
Lieu sympa pas loin du marché. Des artistes locaux exposent leurs toiles dans le restaurant et à coté une boutique de bijoux vraiment sympa. Les plats sont assez simples mais bons. Big up pour les jus de fruits mais je crois que c’est partout ici.
2 à 3 dollars le plat

Cours de cuisine:
NARY KITCHEN
Restaurant reputé de la ville, les cours commencent à 16h00 pour une dégusttaion du menu complet 3h00 après. On ressort avec les recettes en francais ou anglais au choix.  Si vous ne voulez pas faire le cours, venez déguster les mets de la carte.
10 dollars le cours

 Et vous, avez-vous déjà visité la ville de Battambang?
Bises

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7 Comments

  • Reply traveling brunette 09/01/2016 at 09:45

    En effet Battambang est une toute petite ville pas très animée mais comme toi je suis tombée sous son charme, je me souviens de longues ballades à vélo surtout. Nous n’avions pas de guide mais une fois, nous avons parlé à un monsieur qui vendait des sandwichs dans la rue, il parlait assez bien le Français et n’avait pas pu s’empêcher de nous parler de l’histoire douloureuse de son pays, je pense que chaque Cambodgien a perdu un membre de sa famille, personnellement, j’ai été très émue par le courage des cambodgiens, c’est l’une des raisons d’ailleurs qui fait que j’ai un vrai attachement à ce pays…
    traveling brunette Articles récents..Laos # 3 : rendre grâce aux divinités du MékongMy Profile

    • Reply Charlie 09/01/2016 at 11:24

      Ahhh ça me fait plaisir de parler de cette ville, je suis contente qu’elle ne t’ai pas laissé non plus indifférente. Oui chaque famille a perdu des frère, soeurs et enfants mais ce que tu me dis me conforte dans l’idée que l’histoire va pouvoir être raconté il le faut, pour le Cambodge et le monde. Rien à voir mais Angelina Jolie était elle aussi au Cambodge, dans le sud, lorsque nous y étions (toi aussi du coup), elle réalise un film sur cette funeste époque vu et vécu par un enfant. J’espère que ce film fera écho.
      Je vais faire d’autres articles sur le Cambodge qui a été pour moi aussi la partie la plus intense de mon voyage, j’ai tellement aimé ce pays que nous sommes restés beaucoup plus de temps que prévu et sij’avais pu j’y serai resté un mois de plus! Prochaine fois!

      • Reply traveling brunette 10/01/2016 at 09:50

        Quoique les gens pensent d’Angelina Jolie, je crois sa démarche très sincère et le fait que son fils vienne de ce pays doit bien sûr y jouer. Je sais qu’il y a un très bon (enfin, je ne sais pas si un adjectif adéquat…) film sur le génocide : « S21, la machine de mort Khmère rouge », mais je t’avoue, j’ai déjà été extrêmement triste en lisant des articles, alors voir des images, je ne suis pas encore prête…
        C’est drôle mais pareil que toi, j’ai eu un coup de coeur immense pour le Cambodge et je ne saurai pas dire exactement pourquoi, je pense que c’est un mélange d’histoire, de gens, de paysages sûrement, celà m’a fait un peu la même impression au Mexique, où je suis allée 2 fois aussi. Les cambodgiens sont des personnes qui m’ont donné une vraie leçon de vie : avoir vécu de tels drames et éduquer des enfants qui sont si souriants, ça fait réfléchir.
        J’ai hâte de voir tes autres articles sur le Cambodge !
        traveling brunette Articles récents..Laos # 3 : rendre grâce aux divinités du MékongMy Profile

  • Reply Madeleine à bicyclette 09/01/2016 at 14:42

    Je découvre ton blog et quel plaisir de pouvoir explorer l’Asie du Sud-Est avec tes photos et tes mots. Je ne connais que le Laos où je suis restée un mois mais n’ai pas visité ses voisins (bon juste Bangkok deux trois jours pour l’avion). La Cambodge au passé (pas si lointain) mais si tourmenté, m’appelle. Merci pour ton écrit sans langue de bois.
    Madeleine à bicyclette Articles récents..Projets et baies d’églantierMy Profile

    • Reply Charlie 09/01/2016 at 16:56

      Chère Madeleine,

      1 mois au Laos, wahouuu ou as tu été? Personnellement je suis tombée amoureuse de Luang Prabang mais c’est tout… Le Laos et moi nous ne sommes pas tombés amoureux (tu peux trouver deux ou trois articles sur le Laos sur le blog). Par contre le Cambodge c’est un vrai coup de foudre. Je te conseille de découvrir ce merveilleux peuple.
      Et pour la « non » langue de bois je ne peux que te dire merci, je n’avais même par remarqué mais j’apprécie lol.

      Mes amitiés
      Charlie

  • Reply J'ai écrit 13/03/2016 at 01:15

    Qu’entends tu par choquant ? Je trouve que c’est un mot assez fort, et je ne le comprends pas vraiment dans le contexte alors que tu dis que la ville t’a beaucoup plu par la suite. Battambang est une ville dans laquelle j’ai beaucoup aimé me rendre à plusieurs reprises, c’est effectivement la deuxième après PP car elle était l’ancienne capitale sous la colonisation française, il en reste d’ailleurs des vestiges (les monuments tels que la poste, les façades). Il est important comme touriste ou expatrié de prendre conscience de l’histoire du pas et notamment de celle du Cambodge qui finalement n’est pas si lointaine que ça et qui malheureusement a touché quasiment chaque cambodgien.
    J’ai écrit Articles récents..Partir faire du volontariat, oui mais bien !My Profile

    • Reply Charlie 18/03/2016 at 08:56

      Oui j’ai employé « choquant » car lorsque je suis arrivée personnellement cette ville m’a chamboulé. Pour moi elle m’avait paru mystérieusement vide (pourtant il y avait du monde) et particulière. Je ne m’attendais pas à cela (en même temps il faut pas trop lire les guides hein!). Mais bien sûr, comme je le note, je me suis vite immergée dans Battambang et mes perceptions ont vite changé. Je crois aussi que c’était la première ville parcourue où j’ai sentie tout le passé (récent) partout envahir le quotidien. Que ce soit les colonies (qui n’ont pas fait que du bien) ou la période encore plus proche de Pol Pot. Je suis d’accord avec toi, je pense que beaucoup de touristes font abstraction de l’histoire, erreur. Bref, Battambang est ma première ville hors des grands lieux touristiques. Donc oui la ville m’a choqué, bouleversé et c’est vraiment dans cette ville que je suis tombée amoureuse du Cambodge et des Cambodgiens!

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